Les notions fondamentales
Considérations préalables
Dans cette section, nous allons présenter les premiers concepts sur lesquels se fonde le métier d’architecte réseau.
1. Le routage, un problème encore ouvert
Au fil des années, le domaine informatique a connu des évolutions technologiques extraordinaires, en transformant les réseaux d’une simple liaison entre les serveurs d’un nombre limité d’universités en un système mondial sophistiqué et entrelacé. Pourtant, malgré ses avancées, le routage informatique reste une question sans solution définitive. Le défi que cette discipline vise à résoudre semble très simple : détecter les destinations finales, tracer le trajet le plus efficace, associer l’équipement le plus proche sur ce trajet à la destination et mémoriser l’association. Alors, pourquoi un enjeu aussi essentiel reste-t-il irrésolu ?
La croissance exponentielle du nombre d’appareils connectés cause plusieurs problèmes. Le premier est l’amplification de la complexité des calculs nécessaires pour effectuer le routage informatique. Chaque appareil rajouté au réseau public accroît le nombre de routes globales que les données peuvent suivre, ce qui rend la détermination de la « meilleure » route de plus en plus difficile. Le second est l’épuisement des adresses avec le protocole existant, c’est-à-dire l’Internet Protocol version 4 (IPv4), et la nécessité de créer une nouvelle version (IPv6). La transition d’IPv4 à IPv6 a entraîné une multiplication ultérieure de la charge des algorithmes sur les appareils et du travail supplémentaire pour les spécialistes. Cette transition a débuté dans les années 1990 et elle n’est pas encore terminée.
Les progrès en technologie radio et en normes de réseau mobile ont permis la création d’appareils mobiles dotés de capacités comparables à celles des terminaux fixes. Avec l’Internet des objets (Internet of Things, IoT) ajoutant sans cesse de nouvelles catégories d’appareils aux réseaux, l’éventail...
Business drives
Dans cette section, nous allons parler de certains concepts non techniques, mais qui sont systématiquement demandés aux architectes réseau.
D’un point de vue commercial, l’infrastructure réseau ne crée pas de revenus par elle-même, mais soutient les opérations et les services qui génèrent des revenus. Lorsque le réseau fonctionne bien, il est souvent invisible aux utilisateurs et à la direction. Il n’est remarqué qu’en cas de problème, ce qui donne l’impression que le réseau n’apporte pas de valeur ajoutée mais ne présente que des risques et des coûts.
Souvent, la direction d’une organisation ne considère l’infrastructure réseau que comme un centre de coûts, et un centre qui coûte cher, car la technologie évolue rapidement et nécessite des mises à jour et des remplacements fréquents pour maintenir les mêmes niveaux de sécurité, d’efficacité et de compatibilité.
D’habitude, seuls des services tels que les sociétés de télécommunications, de CDN ou de cloud public font du réseau leur activité principale, lui accordant une considération appropriée parce qu’il dégage directement des revenus. Pour ces raisons, savoir communiquer efficacement avec le management est une compétence indispensable pour l’architecte informatique, afin que les responsables soient conscients de l’importance de la qualité du matériel et du personnel qui s’occupe des réseaux, et des risques qu’une gestion inadéquate peut entraîner pour toute l’entreprise. Les concepts présentés dans cette section constituent la base du budget du département des infrastructures.
1. CapEx
Les dépenses d’investissement de capital (Capital Expenditures, CapEx) sont les fonds utilisés par une entreprise pour acquérir, moderniser et entretenir des actifs physiques tels que des biens immobiliers, des bâtiments industriels ou des équipements. Dans notre cas, il s’agit généralement de dépenses ponctuelles importantes pour des équipements qui se déprécient inévitablement...
Architecture physique
Parmi les aspects de l’infrastructure réseau, le moins abordé dans les livres et les cours est la partie physique, souvent laissée à l’expérience sur le terrain. Cependant, le manque d’attention portée à la disposition physique et au câblage des équipements réseau peut avoir des conséquences graves et durables sur le fonctionnement et la maintenance de l’infrastructure informatique. Lorsque ces tâches critiques sont confiées à du personnel non spécialisé, sans l’expertise ou la motivation nécessaires pour effectuer un travail de qualité, peuvent apparaître plusieurs problèmes au niveau de l’organisation d’une salle, d’une baie (rack) et du câblage.
La modularité de design que nous avons abordé au début de ce chapitre doit commencer au niveau physique. Chaque salle, chaque rack, chaque élément doit présenter la même disposition pour rendre plus simples les interventions de maintenance. Le technicien doit savoir exactement où trouver quoi à partir des coordonnées de salle, de rack et d’unité.
Les racks en désordre sont difficiles à gérer. Des câbles mal étiquetés ou disposés de manière aléatoire peuvent être source d’erreur humaine et compliquent la tâche des techniciens pour localiser les problèmes ou effectuer des mises à niveau et des opérations de maintenance. Cela rend plus probable l’interruption accidentelle de services critiques. Un câblage erroné peut également entraver la circulation de l’air dans les baies, causant un refroidissement inefficace et une surchauffe potentielle des équipements.
Non seulement ces erreurs entraînent des temps d’arrêt et d’éventuelles pertes financières, mais elles peuvent également accroître le stress et la charge de travail du personnel informatique. Naviguer dans un environnement désorganisé pour résoudre des problèmes qui pourraient facilement être évités grâce à une gestion plus précise est un gaspillage de ressources inacceptable. Compte tenu de l’importance...