IA et défense
Introduction
De prime abord, IA et défense ne semblent pas compatibles.
En effet, parce qu’elle nécessite une intervention physique sur un territoire donné, la défense est, parmi les activités de l’État, celle qui semble la moins susceptible d’être dématérialisée.
Malgré leurs différences, ces notions ne sont pas inconciliables pour autant. Qu’il s’agisse d’utiliser l’IA pour déceler les stratégies ennemies ou de mobiliser des robots pour intervenir dans les environnements à risque, l’IA permet de répondre à de nombreux besoins dans le secteur de la défense.
Ainsi, la course à l’armement n’est plus seulement technique ou chimique. Elle devient profondément technologique.
Toutefois, la guerre ne change pas seulement d’outils. Elle change aussi d’espace. Alors que les frontières physiques semblent être figées dans le marbre, il reste un territoire à prendre : le cyber-espace.
Dans ce contexte, l’IA joue un rôle particulièrement stratégique dans le cadre de la défense des États modernes.
Enjeux et défis de la défense augmentée
Si la défense n’est, en l’état, pas susceptible d’être totalement déléguée à l’IA, elle reste un domaine particulièrement porteur d’innovation.
En s’armant d’algorithmes, les États peuvent mieux appréhender les risques inhérents à leurs frappes et, ainsi, les contrôler en amont.
Toutefois, comme dans tous les domaines, le recours à l’IA présente des risques évidents.
Qu’il s’agisse de la robustesse des systèmes ou des biais inhérents aux algorithmes, le recours à l’IA devra faire l’objet de mesures particulièrement efficaces pour gérer les risques identifiés.
1. Enjeux de la défense augmentée
Sans son rapport en date de 2019, le ministère des Armées décrit les trois usages qui sont actuellement attendus de l’IA dans le cas du déploiement d’une stratégie de défense moderne1.
Aucun d’entre eux ne fait de l’IA une arme de destruction massive. Tout au plus, l’IA vient en support des forces armées, mais jamais ne les remplace.
Ainsi, par leur puissance d’analyse, les algorithmes d’IA pourront anticiper, de manière plus ou moins fine, les manœuvres ennemies. En s’entraînant...
Cyber-défense
Lorsque les menaces ne pèsent plus seulement sur le territoire français mais aussi sur le cyber-espace, il faut en organiser la défense.
En France, la défense du cyber-espace repose sur le Centre Opérationnel de la Sécurité des Systèmes d’Information (COSSI), un service dédié de l’ANSSI4, chargé de :
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la veille internationale des systèmes et des réseaux afin de déceler les cyber-attaques. Les opérations de veille impliquent également la surveillance fine du Dark Web ;
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la supervision de la sécurité des sites internet et réseaux gouvernementaux pour détecter toute attaque.
Compte tenu de l’étendue du territoire à couvrir, la cyber-défense nécessite la mise en œuvre d’un outillage particulier et, dans certains cas, le recours à l’IA pour remonter les informations pertinentes auprès des équipes.
Dans ce contexte, il est crucial que l’IA soit bien entraînée afin de communiquer l’ensemble des informations pertinentes aux équipes concernées. En effet, c’est sur la base de ces informations que les équipes du COSSI pourront analyser le niveau de risque de l’incident et lui appliquer les mesures de remédiation adéquates.
En tant que véritable outil de veille...
Notes
1 Ministère des Armées, sept. 2019, « rapport de la Task Force IA »
2 Ministère des Armées, sept. 2019, « rapport de la Task Force IA »
3 Ministère des Armées, sept. 2019, « rapport de la Task Force IA »