Blockchain
Introduction
La blockchain est un ensemble de technologies, parfois regroupées sous un même terme à tort. Elle a été lancée en 2008 par Satoshi Nakamoto, un nom fictif désignant un groupe de personnes. La blockchain de 2022 n’a plus grand-chose en commun avec celle de 2008.
Nous donnons dans un premier temps une définition, que nous affinons progressivement. Nous partons d’une dimension business, puis nous déclinons les éléments techniques accessibles aux initiés comme aux profanes. Dans un second temps, nous évoquons les promesses qu’apporte la technologie, les contextes optimaux à son utilisation et les enjeux légaux.
Définition
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission sécurisée d’informations, qui fonctionne sans besoin d’organe de contrôle. Elle diffère des technologies de base de données classiques (telles que SQL) par :
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le stockage
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la donnée
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la représentation
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le transfert
On peut relier plusieurs ordinateurs en réseau de trois manières différentes :
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La première, dite centralisée, consiste à mettre un objet matériel au centre qui fasse le lien et la répartition des informations entre tous les ordinateurs connectés du réseau. S’il tombe en panne ou est trop sollicité, tout le réseau est en panne.
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Une deuxième méthode, dite distribuée, consiste à créer plusieurs objets matériels au centre de sous-ensembles de petits réseaux. Si une machine qui effectue le travail de répartition tombe en panne, une partie du réseau continue à fonctionner. Autre avantage : on répartit la charge sur plusieurs unités de répartition. Cela réduit la puissance nécessaire pour chacune d’elles et permet de mieux répartir les données également, tout le monde n’ayant pas besoin de toutes les données disponibles sur le réseau.
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La troisième approche est dite décentralisée. Tous les acteurs du réseau jouent le rôle de répartiteur. Cela rend le réseau plus robuste, car un nœud du réseau représenté par un point sur la figure suivante ne pénalise aucun autre acteur.
Distinction entre réseaux centralisé, décentralisé et distribué
Sur une blockchain, la donnée est stockée de manière distribuée. Cela signifie qu’il existe...
Les 3+1 types de blockchains
Au milieu de l’année 2022, on pouvait compter 19 367 cryptomonnaies distinctes (source : Coinmarketcap, 2022). En 2015, avec près de 3 000 instances distinctes, les observateurs estimaient déjà le nombre prodigieux. Or, le nombre de cryptomonnaies est plus associé à une diversité de projets qu’à une vraie diversité technique ou technologique. Un très grand nombre d’entre elles sont inspirées ou sont de pâles copies de technologies existantes, articulées selon une finalité fonctionnelle précise.
On peut classer ces technologies dans trois catégories majeures (auxquelles s’ajoute une catégorie mineure décite ci-après) :
Les trois grands types de technologies blockchain
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Les blockchains publiques (non permissionnées) représentent la très vaste majorité de la diversité technologique. Elles se caractérisent par l’absence d’autorité intermédiaire qui valide l’accès à la blockchain. En quelques clics, n’importe qui peut y accéder et réaliser toutes sortes d’opérations plus ou moins contraintes et complexes en fonction de la technologie employée. C’est pour cela qu’on les qualifie également de non permissionnées. Les cas d’usage les plus fréquents gravitent autour de sujets financiers. Les blockchains publiques sont financées le plus souvent au travers des levées de fonds que l’on appelle ICO (Initial Coin Offering) et obéissent à une gouvernance plus ou moins ouverte en fonction des statuts déposés. Nombre d’entre elles adoptent la structure juridique de fondation telle que décrite en Suisse. Les participants...
Promesse business de la technologie
La blockchain apporte son lot de promesses concrètes, empiriquement observées sur de nombreux projets répartis sur plusieurs secteurs. Dix ans d’innovations et d’expérimentations ont permis de développer et de déployer en moins de trois ans des business fulgurants dépassant pour certains le chiffre d’affaires et la rentabilité d’entreprises établies depuis plusieurs décennies.
Des avantages nombreux ont été observés, notamment des gains de productivité et d’efficience. La réduction des coûts est également observée, mais moins que la création de nouvelles opportunités. Enfin, un partage plus équilibré des paiements aux participants qui génèrent le plus de valeur dans le processus de création d’un objet réel (ex. une voiture) tend à s’établir, au détriment des rapports de force et jeux de pouvoir souvent constatés entre clients et fournisseurs.
1. Gains de productivité
La productivité est définie en économie comme le rapport entre le volume de production et les ressources nécessaires pour atteindre ce volume de production (INSEE, 2022).
La blockchain est un système d’information et non un système de production. Elle excelle dans le transfert d’information avérée entre deux organisations. Aujourd’hui, lorsque l’on fait face à un problème opérationnel au sein d’une même entreprise, l’information tend à transiter entre les couches hiérarchiques ou fonctionnelles (par exemple : services commerciaux - services achats). Entre deux entreprises respectives, l’information se transfère selon des codes qui n’existent pas ou des processus...
Contexte d’utilisation et stratégie d’entreprise
La blockchain, comme toute technologie, n’est qu’un moyen pour atteindre un objectif pour l’entreprise. De la même manière qu’on ne se lance pas dans un projet d’intelligence artificielle sans données, on ne se lance pas dans un projet de blockchain sans avoir une vision claire de l’écosystème et un objectif d’excellence opérationnelle.
Les ressources sont rares, le futur est volatile, incertain, complexe et ambigu. Il est très difficile de se projeter sur un horizon de trois à cinq ans, et l’expertise technique dans l’entreprise n’excède que très difficilement deux à trois ans.
C’est pourquoi avant de présenter le contexte, les liaisons entre les systèmes d’information hérités, le budget, les gains et les risques, il est essentiel de garder à l’esprit qu’il faut penser grand, mais commencer petit.
1. Motifs d’utilisation de la technologie
La blockchain est un moyen de mettre en action concrètement des idées et des visions qui seraient encore en construction. On ne parle pas du projet d’une entreprise, mais d’une logique d’interaction entre plusieurs entreprises. Encore aujourd’hui, la plupart des développeurs pensent à un groupe d’utilisateurs restreint et défini, identifié clairement entre les murs d’une entreprise. C’est un point de départ, pas une fondation solide.
C’est pourquoi il faut considérer la technologie blockchain dans une interaction complexe avec l’écosystème, en commençant par des processus métiers simples qui, une fois factorisés avec d’autres entreprises, délivrent une valeur qui croît avec la mise à...
Principes de fonctionnement
Les éléments de valeur et les fondamentaux d’une gestion de projet dans un contexte de blockchain permettent à un chef de projet, comme à un spécialiste technique d’appréhender les arguments qui serviront à convaincre une équipe. C’est un pilote essentiel à la réussite du projet.
1. Composants
Cette section présente les éléments fondamentaux de fonctionnement de la blockchain. Elle est utile à tous les profils. Elle facilitera l’interaction entre les différents membres de l’équipe et aidera à comprendre les contraintes et les enjeux rencontrés.
Avant de pouvoir parler une langue, il faut en connaître le vocabulaire. Les composants de la technologie blockchain sont le vocabulaire de cette technologie. Ils sont abordés en fonction de leur intérêt et de leur pertinence. Les différentes technologies blockchain ont des implémentations différentes.
L’objectif de cette section est d’offrir une culture générale plus qu’une compréhension fine des arcanes entre protocoles.
a. Blocs, ledgers et distributed ledger technologies
La création d’une nouvelle information sur le réseau d’une blockchain se fait via l’émission d’une transaction. Cette transaction est encapsulée dans une enveloppe. Cette enveloppe est constituée de l’information en question, de son empreinte numérique appelée hash, et du hash du bloc précédent, comme le montre le schéma ci-après. Plusieurs autres informations sont adossées au bloc pour permettre le fonctionnement de la technologie.
Anatomie d’un bloc
Ces blocs sont chaînés entre eux, d’où le nom de blockchain ou chaîne de blocs....
Contraintes observées
En 2016, l’adoption de masse de la technologie blockchain était prévue pour 2018-2019. En 2019, l’échéance a été repoussée pour 2022 au plus tard. Force est de constater que les pronostics ne correspondent pas à la réalité pour des raisons tant métier que techniques. Cette section rappelle les contraintes rencontrées, dont certaines sont pour le moins inattendues même pour un professionnel.
1. Contraintes business
« Un projet blockchain est avant tout un projet d’écosystème. Pas vraiment un problème technique. »
C’est en substance ce que l’on entend souvent dire dans le cadre de projets de natures et de périmètres différents. L’observation s’applique à la traçabilité alimentaire, au financement d’entreprise, à l’économie circulaire, au transport maritime, au commerce international, etc. Cette section s’appuie sur les témoignages de plus d’une quarantaine de professionnels interviewés.
a. Base clientèle et business model
À l’image du véhicule autonome, la blockchain fait rêver. Le véhicule autonome exige des milliards d’investissements et résoudrait un nombre important de problèmes du quotidien, mais les clients n’en voudraient pas. La notion de contrôle, le plaisir de conduire, la mécanique au bout des doigts à un prix raisonnable sont des freins importants à l’achat.
Pour la blockchain et les cryptomonnaies, le constat est tout aussi clivant. Citons huit verrous les concernant :
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Les clients ne sont pas prêts. La présidente de la Banque centrale européenne Mme Christine Lagarde, le rappelait lors de son intervention au Parlement...
Évolutions pour résoudre les verrous technologiques
Les verrous technologiques sont associés à des solutions techniquement complexes plus proches du haut fait technique que d’un ajustement opportuniste. Cette section détaille en termes non techniques les enjeux et la démarche pour lever à date les verrous technologiques.
1. Layers
Les layers, ou couches en français, sont une représentation heuristique pour résoudre le problème de congestion principalement. On parle de méthodes off-chain, car ils résolvent techniquement le problème hors du périmètre blockchain pur. La couche 0 représente les composants de la blockchain pris séparément. La couche 1, ou layer 1, définit l’implémentation d’une blockchain afin de garantir les propriétés d’une blockchain (par exemple, la sécurité, la décentralisation ou encore le passage à l’échelle).
Le layer 2 part du principe que la blockchain va nativement aussi vite qu’elle peut. On a atteint les limites de ce que la technique peut réaliser, le plus souvent à cause de la bande passante, très limitée. On extrait la logique et les opérations de la blockchain, on en garantit l’intégrité via des procédés cryptographiques, on agrège les informations puis on réintègre le condensat dans la blockchain. Voici les objectifs du layer 2 :
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une augmentation du débit
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une augmentation de la vitesse de transaction
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une réduction du coût
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une complexification de la logique métier
Puis viennent les layers 3, 4, 5 et au-delà. On garde la même philosophie : n’utiliser la blockchain que lorsque c’est absolument nécessaire. L’incrément...
Cas d’usage les plus fréquents
Après plus d’une décennie de développements et de tests, les cas d’usage des blockchains ont fait florès. Le tableau suivant liste les cas d’usage de blockchains permissionnées et publiques observés sur le marché.
Liste des cas d’usage observés sur la blockchain
Force est de constater qu’un grand nombre de cas d’usage sont orientés vers la finance dans le cas de blockchains publiques, et que les cas industriels tendent à privilégier les blockchains permissionnées.
Dans ce qui suit, nous allons évoquer quelques cas d’usage ciblés sous l’angle de la valeur apportée.
1. Supply chain
La supply chain ou gestion de la chaîne de valeur le plus souvent d’un point de vue logistique, est un des cas les plus fréquents.
a. Le problème
La supply chain représente, en fonction des entreprises, le processus de création de valeur, et son transport depuis la matière première jusqu’au client final. Au cours des dernières années, les problématiques de qualité, de prise en compte de l’après-vente incluant l’économie circulaire et le recyclage remettent en cause en profondeur les méthodes de travail.
Le secteur a été sous-investi informatiquement pendant plus de deux décennies. Les experts partent à la retraite, les conducteurs de camion sont de plus en plus rares, les systèmes informatiques sont éclatés lorsqu’ils existent et les investissements ne sont pas sur la pente ascendante.
Que peut apporter la technologie ?
b. La solution
La blockchain n’est pas la panacée, mais elle permet dans un premier temps d’offrir un système de traçabilité de bout en bout.
Via une interface...
Angle stratégique : où se positionner ?
Nous avons observé les avantages, les contraintes et les cas d’usage des blockchains les plus fréquents.
Plusieurs grandes branches peuvent générer de la valeur au cours des trois prochaines années : la branche ingénierie et numérique d’une part, la branche études et conseils d’autre part.
1. Ingénierie et numérique
L’ingénierie et le numérique regroupent ici à la fois le secteur industriel (aéronautique, automobile, etc.) et les professionnels du numérique (par exemple, les ESN). Quatre grands types de produits sont à leur portée et répondent à un enjeu d’actualité : la décarbonation, la traçabilité logicielle, les passeports produits et la production résiliente.
a. Décarbonation
Le processus de décarbonation est associé à l’urgence climatique. Lors des Assises de l’industrie organisées par le journal L’Usine nouvelle et regroupant les dirigeants de l’industrie française, plus de 90 % des échanges étaient orientés vers la réduction de l’empreinte carbone et les difficultés pour financer et exécuter cette transition vers une économie bas carbone ou décarbonée.
L’emploi de la technologie permet de résoudre des inconnues. Pour un client, quelle est l’empreinte carbone de mon fournisseur ? Via la blockchain, les empreintes sont collectées avec l’assurance de la véracité des informations. Dans le cas contraire, grâce à l’évolution du contexte légal et à la signature numérique, la piste d’audit ainsi construite est opposable.
Les gains d’efficience...
Blockchain : législation et imposition
En matière de législation, le volet relatif aux blockchains et aux cryptoactifs s’est étoffé depuis l’avènement de Bitcoin. À l’heure actuelle, au moins trois ensembles juridiques sont d’importance : MiCA, TFR et eIDAS.
Les conseils d’un spécialiste de la question blockchain ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. Nombre d’acteurs se plaignent de devoir financer une activité auprès de juristes et de les former en cours de route, plutôt que de payer une prestation d’expertise. Il est donc conseillé de se documenter sur les compétences avérées des spécialistes du droit en fonction des attentes.
Les textes de loi dont il est question ci-après sont sujets à de possibles modifications à l’avenir.
1. MiCA
MiCA (Markets in Crypto Assets) est une législation libérale dont la version finale du texte est attendue au premier trimestre 2023. En pratique, le texte vise à protéger les intérêts des investisseurs tout en créant un climat propice à l’innovation.
Les éléments importants à retenir et ayant peu de risque d’évoluer sont les suivants :
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Un émetteur de cryptomonnaies (un nouveau projet blockchain via une levée de fonds de type ICO) devra s’enregistrer auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en tant que prestataire de services sur actifs numériques (PSAN). Cela ne change pas depuis la loi PACTE (2019). En revanche, l’innovation consiste à fournir des mesures de sécurité et des garanties sous la forme d’un papier blanc (whitepaper) à l’autorité de marché compétente, en l’occurence l’AMF....
Cas pratiques
1. Principales plateformes pour acheter des tokens
Voici les plateformes principales pour acheter des tockens :
Coinbase
Coinbase est de loin la plateforme d’échange de cryptomonnaies la plus populaire et l’une des meilleures, car vous pouvez investir directement en euros ou en dollars. Vous pouvez acheter des bitcoins, des ethers, des litecoins et plus de trente autres jetons sur cette plateforme. De plus, vous pouvez obtenir des intérêts sur vos jetons USDT et vous pouvez également gagner des bonus en effectuant diverses activités.
Avantages
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Interface facile à utiliser.
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Bonne sélection de jetons pour investir.
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Haut niveau de sécurité et de fiabilité.
Inconvénients
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Frais élevés, sauf si vous utilisez Coinbase Pro.
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L’utilisateur ne contrôle pas les clés privées de son portefeuille.
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Lent à intégrer les nouvelles cryptomonnaies populaires.
Gemini
Lancé en 2014 par Tyler et Cameron Winklevoss, Gemini se démarque en mettant fortement l’accent sur la sécurité et la conformité. Cette plateforme oblige les utilisateurs à effectuer un processus de vérification d’identité pour réduire le risque de fraude.
Gemini encourage également les utilisateurs à utiliser l’authentification à deux facteurs pour sécuriser leurs comptes et offre la possibilité d’examiner et d’approuver les appareils utilisés. Une autre caractéristique de sécurité remarquable de Gemini est qu’il est certifié SOC 2, ce qui signifie que des auditeurs tiers ont vérifié les cadres de sécurité et de conformité de l’entreprise.
Conçu pour les traders avancés, Gemini fournit un tableau de bord de trading de qualité professionnelle...