1. Livres & vidéos
  2. Réussir un projet avec la méthode PMBOK®
  3. Domaine de performance de l'incertitude
Extrait - Réussir un projet avec la méthode PMBOK® Outils et techniques appliqués aux projets IT
Extraits du livre
Réussir un projet avec la méthode PMBOK® Outils et techniques appliqués aux projets IT
2 avis
Revenir à la page d'achat du livre

Domaine de performance de l'incertitude

Contexte et définitions

1. Enjeux

a. Le risque inhérent au projet

Par sa nature transformationnelle, un projet induit le changement d’une organisation ou d’une de ses composantes d’un état initial (connu) à un état final (inconnu) en passant par une phase de transition. Par conséquent, il induit une exposition à des évènements internes ou externes non maîtrisés, pouvant influer sur cette transformation.

Tout projet comporte donc des risques et expose tout ou partie d’une organisation.

De surcroît, le projet va se construire autour d’hypothèses, de contraintes, et d’attentes contradictoires et évolutives des parties prenantes, augmentant l’exposition du projet à des risques.

Deux types de risques peuvent donc influer sur un projet :

  • le risque individuel : exposant la qualité, le coût ou le délai d’un livrable du projet ;

  • le risque global : courant sur l’ensemble du projet.

Le risque correspond à la somme des risques individuels de chacun des livrables et du contexte dans lequel le projet et l’organisation s’inscrivent.

Enfin, les risques (qu’ils soient liés à une opportunité ou une menace) sont contextuels et peuvent apparaître et disparaître tout au long de la vie du projet : il est donc nécessaire d’avoir une approche itérative sur toute la durée du projet.

b. Contexte changeant

En plus du risque qu’induit un projet en soi, le contexte global des entreprises est de plus en plus changeant et interconnecté, notamment dans le domaine de l’IT.

« Les incertitudes auxquelles les projets complexes doivent faire face sont susceptibles d’être plus interconnectées, volatiles et très rythmées, ou enclines aux risques sociopolitiques...

Incertitude, ambiguïté, complexité

L’incertitude englobe les notions de risque, d’ambiguïté et de complexité. Elle est souvent liée aux facteurs économiques (taux de change, état des ventes, taux d’intérêt…), évolutions technologiques, évolutions légales, changements climatiques, influences sociales et sociétales des organisations.

Réduire l’incertitude

Les projets et l’environnement des entreprises étant propices à l’incertitude, il convient d’opter pour des principes généraux pour en réduire la portée autant que possible.

Parmi les techniques recommandées, nous pouvons noter les suivantes.

  • Recherche d’information

Une des raisons de l’incertitude étant l’inconnu, il est recommandé d’aller chercher des informations.

Par exemple, le recours à des études de marché, la recherche universitaire… aident à mieux comprendre un phénomène et donc à réduire l’incertitude.

Le recours à de l’expertise, en interne ou en externe, est également une technique efficace, appelée « jugement à dire d’expert ».

Ainsi, vous pouvez solliciter des experts de différents domaines pour récolter leur point...

Processus de gestion du risque

1. Processus global

Dans le PMBOK V6, la gestion du risque est documentée selon les catégories suivantes. Bien que davantage adaptés aux approches traditionnelles, les principes généraux de chacune de ces catégories restent vrais, quelle que soit l’approche de développement.

IMAGES/DP10-PRO.png

2. Planification

a. Plan de gestion des risques

La première étape consiste à mettre au point, au début du projet, un plan de gestion des risques.

Il sera décidé, entre autres, l’approche des risques utilisée dans le projet, les rôles et responsabilités des parties prenantes, les besoins en communication…

Des contraintes organisationnelles (standards, contraintes particulières en matière de risque…) seront également mentionnées dans ce document.

Le plan de gestion des risques est un élément du plan de management de projet.

Exemple de plan de gestion des risques :

Contenu

Description

Stratégie en matière de risque

Décrit l’approche générale de la gestion des risques

Méthode

Liste les outils et techniques à utiliser dans la gestion du projet

Rôles et responsabilités

Définit des responsables clés pour les actions et décisions en matière de risque

Budget

Définit le budget validé pour la gestion des risques, ainsi que les réserves allouées

Timing

Décrit les moments et la fréquence d’exécution du processus de gestion des risques (en continu, au moment de porte de phase…)

Catégorisation des risques

Liste des catégories de risques, ou RBS

Appétence au risque des parties prenantes

Estimation de la tolérance au risque des parties prenantes, et point de vigilance particulier sur des parties prenantes qui seraient réticentes à la prise de risque

Échelles de catégorisation

Définit quelle méthode sera utilisée pour qualifier le risque (matrice probabilité/impact par exemple) ainsi que les échelles utilisées pour chaque catégorie

Communication

Format à utiliser pour communiquer sur l’état des risques, ainsi que les destinataires et méthodes de diffusion

Exigence de traçabilité...

Culture et appétence au risque

Selon le contexte, un projet doit répondre à des normes plus ou moins strictes de contrôle des risques.

Le niveau demandé dépend de nombreux facteurs, comme :

Le secteur d’activité

Certaines activités réglementées ou risquées demandent plus de formalisme et de contrôle de risques (médical, investissement financier, nucléaire…).

La culture d’entreprise

D’une manière générale, il existe une « appétence au risque » dans la culture d’entreprise. Certaines entreprises ont une culture de la prise de risque et de la résilience, quand d’autres seront plus exigeantes.

Le chef de projet se doit de répondre à ce contexte, sans jugement, au risque d’exposer son projet.

Les facteurs culturels

Les cultures dans le monde n’ont pas toute la même relation à la prise de risques. Certaines (comme l’anglo-saxonne) sont plus enclines à l’incertitude, lorsque des cultures européennes seront moins à l’aise.

Pour s’en rendre compte, il existe un indice d’appétence au risque, appelé Uncertainty Avoidance Index, qui montre les disparités culturelles par pays. Il est basé sur les travaux du psychologue néerlandais Geert Hofstede.

Dans des contextes internationaux...

Risque global et évolution

1. Risque global d’un projet

Le risque global d’un projet correspond à la somme des risques individuels listés précédemment, mais également à l’ensemble de la complexité, volatilité et ambiguïté générale qui pèse sur un projet et/ou l’organisation entière.

Si la gestion du risque global est identique au risque individuel, il fait courir un risque sur l’ensemble du projet.

Si le risque global devient trop élevé, l’existence même du projet peut être remise en question.

2. Évolution du risque dans le temps

Une des sources d’incertitude dans un projet vient du fait que le projet au départ se base sur des hypothèses. Le risque de se tromper est donc supérieur au début du projet. Au fil du temps, les hypothèses seront ou non vérifiées, et le projet pourra s’appuyer sur la réalité.

D’une manière générale donc, le risque global d’un projet tend à réduire au fil du projet.

Réduction des incertitudes et ambiguïtés et revue des risques

Dans la gestion de projet, la revue régulière des risques avec l’implication des parties prenantes permet de réagir rapidement aux menaces et d’identifier les opportunités. Le niveau de fréquence et de détail de ces sessions dépendra du secteur d’activité, de la culture de l’organisation, ainsi que des besoins spécifiques du projet.

1. Organisation des sessions

Des réunions fréquentes permettent de mieux comprendre les enjeux de chaque étape et de lever les obstacles éventuels. Des stand-up quotidiens, hebdomadaires ou des rétrospectives après les étapes clés offrent une opportunité d’ajuster les actions en cours, tout en tenant compte des avancées et des retours des parties prenantes.

2. Retours et démonstrations

La démonstration d’incréments ou les retours de tests et de prototypages sont également l’occasion de mieux évaluer l’impact des risques sur la satisfaction des parties prenantes. Des retours négatifs peuvent indiquer des attentes insatisfaites ou des risques à corriger, tandis que des retours positifs confirment que le projet répond aux objectifs stratégiques.

3. Rétrospectives et amélioration continue

Enfin, des rétrospectives...

Exemple de registre des risques

ID du risque

R-001

R-002

R-003

R-004

Description du risque

Retard dans l’approvisionnement des écrans tactiles haute définition

Problèmes de compatibilité entre le système d’exploitation et le matériel

Modifications des spécifications de conception par les parties prenantes

Panne ou défaillance de la batterie pendant les tests de résistance

Catégorie

Logistique

Technique

Parties prenantes

Technique

Probabilité

Élevée (4)

Moyenne (3)

Moyenne (3)

Faible (2)

Impact

Très Élevé (5)

Élevé (4)

Moyen (3)

Très Élevé (5)

Score de risque (PxI)

20

12

9

10

Stratégie de réponse

Éviter

Atténuer

Accepter

Atténuer

Réponse au risque

Identifier des fournisseurs alternatifs et négocier des délais de livraison

Effectuer des tests d’intégration dès le début de la phase de développement

Impliquer les parties prenantes dans des revues régulières de conception

Prévoir des tests de qualité et de fiabilité des batteries en amont

Responsable

Responsable achats

Chef de projet technique

Responsable produit

Responsable qualité

État

Actif

Actif

Actif

Actif

Liste des artefacts impactés

Journaux et registres

Journal des hypothèses

Document qui consigne toutes les hypothèses formulées pour le projet, incluant leurs impacts potentiels et les validations à effectuer au fur et à mesure de l’avancement du projet

Registre des risques

Document qui consigne les risques, leur probabilité, impact, et stratégies de réponse

Plans de gestion

Plan de gestion des risques

Identifie les processus pour la gestion des risques, notamment leur identification, évaluation et les stratégies de réponse

Diagrammes

Organigramme des risques (RBS)

Structure hiérarchique qui classe les risques du projet en catégories (techniques, financiers, organisationnels, etc.), facilitant l’analyse et la gestion des risques par type

Rapports

Documents qui présentent des informations sur l’état du projet, les performances, les risques, les progrès et les écarts par rapport aux objectifs fixés

Documents d’appel d’offres

Ensemble de documents utilisés pour solliciter des propositions de la part de fournisseurs potentiels afin d’obtenir des biens ou services pour le projet