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Extrait - Green IT Les clés pour des projets informatiques plus responsables (2e édition)
Extraits du livre
Green IT Les clés pour des projets informatiques plus responsables (2e édition) Revenir à la page d'achat du livre

Les impacts du numérique

Introduction

Avant de poursuivre et de parler de l’impact du numérique sur la planète et de sa contribution aux crises écologiques, rappelons brièvement à quel point cet outil est formidable et a changé nos vies et nos sociétés dans le bon sens.

Commençons par le plus évident : au moment où nous écrivons ces lignes, au début de l’année 2024, l’intérêt du numérique comme moyen de communication est indiscutable.

Le télétravail existait déjà avant les confinements imposés par le Covid 19 et il existait même déjà des digital nomads, des indépendants profitant de la possibilité de télétravailler pour voyager. Aujourd’hui, l’opportunité de travailler de chez soi quand on a un travail de bureau est une évidence et semble se cristalliser dans les usages, entre un et trois jours par semaine, la connexion avec ses collègues restant importante.

De nombreux projets sont faits entièrement à distance. Ce livre en est un exemple : nous n’avons pas physiquement rencontré l’éditeur et ne vivons pas au même endroit. Certaines entreprises sont même sur un modèle remote first (à distance par défaut), avec des séminaires ponctuels.

En fait, grâce au numérique...

Impact du numérique mondial

Quelle est la part du numérique dans l’impact écologique de l’humanité ? Des études récentes nous fournissent des chiffres sur le rôle de ce secteur dans les crises écologiques, son ampleur, sa répartition et son évolution.

1. Un impact non négligeable

Le numérique n’est pas immatériel, il a un impact environnemental, comme tous les secteurs d’activité. La sensibilité du grand public et des acteurs du domaine sur ce sujet s’est accrue en 2018 et 2019 avec la sortie des études du Shift Project [Lien 1] et de GreenIT.fr [Lien 2] (voir le chapitre Vocabulaire, normes et acteurs pour la présentation de ces acteurs).

On apprend dans ces documents que le numérique, au niveau mondial, représente un peu moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre que l’on peut comparer à l’impact des flottes de véhicules légers (8 % des émissions de gaz à effet de serre) ou de l’aviation civile (2,5 %).

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Comparaison des émissions de GES de différents secteurs : aviation, numérique, véhicules, d’après The Shift Project et GreenIT.fr

L’étude de GreenIT.fr, basée sur une ACV (analyse de cycle de vie - voir le chapitre Mesurer les impacts d’un SI) de type screening, inclut également une estimation de la consommation d’eau du numérique mondial évaluée à 0,2 %. Cela peut sembler peu, mais l’eau se consomme localement et le numérique peut concurrencer d’autres usages comme l’agriculture, l’alimentation des foyers ou encore l’industrie, ce qui peut être problématique dans des lieux où cette ressource est peu abondante (par exemple, les États désertiques américains) ou en période de sécheresse.

D’autres sources ont des estimations différentes du fait de différences méthodologiques et de l’imperfection des sources de données. Le numérique représente entre 2,1 et 3,9 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) au niveau mondial [Lien 3].

En 2022 et 2023, l’ADEME (Agence pour le développement et la maîtrise...

Impacts de la phase d’usage des infrastructures et terminaux

1. La production d’électricité

Lors de leur utilisation, les appareils numériques consomment de l’électricité.

L’électricité peut être produite à partir de différentes sources : à partir de charbon, de gaz, d’uranium, d’eau, de vent, de la lumière du soleil, etc. Certaines d’entre elles, notamment les énergies fossiles (gaz, charbon), mais aussi les barrages, peuvent être mobilisées rapidement pour répondre à un pic de la demande. Les énergies renouvelables intermittentes (solaire, éolien) sont dépendantes des éléments : s’il fait nuit ou qu’il n’y a pas de vent, il n’y a pas de production, il faut donc d’autres sources pour compenser.

Il n’existe pas d’énergie propre. Toutes les sources d’énergie ont des inconvénients. Les énergies fossiles émettent beaucoup de gaz à effet de serre, le nucléaire produit des déchets dangereux et à longue durée de vie (mais en petit volume et partiellement recyclables), le solaire et l’éolien réclament de grandes quantités de matériaux. Il faut par exemple 4 000 éoliennes pour remplacer la centrale de Fessenheim [Lien 9], chacune nécessitant des tonnes de béton et des matériaux composites pour les pales. Il faut du cuivre pour raccorder chaque panneau solaire et chaque éolienne au réseau électrique. Ces panneaux solaires nécessitent de consommer beaucoup de sable pour le verre, du silicium et d’autres matériaux rares nécessaires pour l’électronique. Construire un barrage hydroélectrique nécessite de noyer une vallée. Chaque type de production d’électricité a donc des impacts environnementaux qui sont différents.

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Émissions de GES par kWh pour différentes sources primaires d’après la base empreinte de l’ADEME

L’ensemble des sources d’énergie permettant à un pays de produire son électricité constitue son mix électrique. Comme chaque mix électrique est différent, les impacts environnementaux...

Impacts de la fabrication des terminaux

Comme nous l’avons vu, la fabrication des appareils est responsable de la majeure partie des impacts environnementaux du numérique. Dans cette section, nous allons voir plus en détail quels sont ces impacts et leurs causes, ainsi que les limites à la croissance du numérique dans le monde et les risques associés.

1. Fabriquer un appareil high-tech : une tâche environnementalement coûteuse

a. Des émissions de gaz à effet de serre conséquentes

Le Shift Projet nous indique dans son rapport Lean ICT de 2018 que pour un smartphone, 90 % des gaz à effet de serre émis par l’objet dans toute sa vie sont émis à sa fabrication. En prenant les données de la base empreinte de l’ADEME, on trouve une proportion similaire de 87 % d’émissions à la fabrication pour un smartphone, environ 74 % pour un ordinateur portable ou encore 82 % pour une télévision. Ce ratio est plus équilibré pour des appareils beaucoup moins miniaturisés et plus consommateurs d’électricité comme les sèche-linge ou lave-linge.

Il y a aussi des données sur un ordinateur haute performance, où l’impact de l’utilisation domine légèrement.

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Répartition des émissions de GES par étape du cycle de vie de divers appareils électriques, d’après la base empreinte de l’ADEME

Pour les appareils high-tech, à l’exception des serveurs, la majorité des émissions de gaz à effet de serre est donc à la fabrication. En effet, il faut beaucoup d’énergie pour extraire et transformer les minerais de métaux et les autres matières premières nécessaires pour les fabriquer.

Il faut aussi produire, transporter et assembler les composants, et transporter les produits finis eux-mêmes jusqu’au magasin. Cette énergie utilisée hors du regard de l’utilisateur est appelée « énergie grise ». Contrairement à ce qu’on constate à la phase d’usage, l’impact de cette énergie grise est comparable avec d’autres activités polluantes consommant de l’énergie fossile, comme...

Impacts lors de la fin de vie des terminaux

Comme nous l’avons vu, le secteur du numérique est responsable d’impacts environnementaux lors de l’usage des appareils, à travers la consommation d’électricité, ainsi qu’à la fabrication de ceux-ci, avec les impacts de l’exploitation minière, de la fabrication et du transport des composants. Qu’en est-il quand ces appareils sont en fin de vie ? A-t-on là aussi des impacts environnementaux importants ? Le recyclage permet-il d’économiser des ressources naturelles ?

1. Les DEEE

Comme tous les produits, à la fin de leur vie, les appareils numériques deviennent des déchets. On parle de DEEE : déchets d’équipements électriques et électroniques, ce qui couvre l’ensemble des équipements auxquels on pourrait penser, du réfrigérateur au téléphone portable, en passant par les panneaux photovoltaïques. D’après le dernier rapport de l’ONU [Lien 33], 62 millions de tonnes ont été produites en 2022, contre 34 en 2010. Cela représente 7,8 kg par personne à travers le monde, cette répartition étant inégale en fonction des régions (de 17,6 kg en Europe à 2,5 kg en Afrique).

Nous observons une amélioration dans le traitement de ces déchets. En effet, d’après cette même étude, quand 17,4 % étaient recyclés correctement en 2019, on atteint maintenant 22,3 %. Dans le cas des équipements informatiques, il est estimé que 22 % des petits équipements (notamment les ordinateurs et téléphones) et 25 % des écrans entrent dans un traitement adéquat de gestion des déchets. L’augmentation constante de la réglementation internationale et locale, notamment vis-à-vis de la responsabilité des entreprises productrices de DEEE, semble fonctionner.

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Évolution dans le de la production d’équipements électroniques et électriques...

Références pour ce chapitre

1. The Shift Project, « Impact environnemental du numérique : tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G », mars 2021, https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/03/Note-danalyse_Numerique-et-5G_30-mars-2021.pdf

2. GreenIT.fr, « Empreinte environnementale du numérique mondial », 2019, https://www.greenit.fr/empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/

3. Charlotte Freitag and Mike Berners-Lee, « The climate impact of ICT: A review of estimates, trends and regulations », décembre 2020, https://arxiv.org/ftp/arxiv/papers/2102/2102.02622.pdf

4. ADEME/ARCEP, « Evaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective », janvier 2022, https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/5226-evaluation-de-l-impact-environnemental-du-numerique-en-france-et-analyse-prospective.html

5. Dossier de presse ARCEP, « Evaluation de l’empreinte environnementale du numérique en France en 2020, 2030 et 2050 », mars 2023, https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/dossier-presse-Etude-Ademe-Arcep-lot3_mars2023.pdf

6. Éric Fourboul, « Impacts importés des datacenters : l’angle mort des analyses territoriales des impacts du numérique », septembre 2023, https://hubblo.org/fr/blog/datacenters-imported-impacts/

7. Gauthier Roussilhe, « Peut-on mener de front la numérisation et la transition écologique ? », janvier 2022, https://gauthierroussilhe.com/articles/explications-sur-l-empreinte-carbone-du-streaming-et-du-transfert-de-donnees...