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Extrait - Python Introduction au calcul numérique
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Python Introduction au calcul numérique
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Matrices 2x2 et matrices 3x3

Matrices carrées et applications linéaires

Dans l’histoire des mathématiques, les tableaux de nombres sont apparus très tôt, en Chine par exemple, avec la résolution des systèmes d’équations du premier degré. Par contre, le calcul matriciel proprement dit n’est apparu qu’au XIXe siècle avec la théorie des déterminants.

1. Historique

Le mot « matrice » est la traduction du terme « matrix » fabriqué en 1850 par J.J. Sylvester (1814-1897) à partir du mot latin « mater ». En 1854, Arthur Cayley (1821-1895) associe les matrices aux applications linéaires en écrivant que les matrices sont une « notation commode pour représenter les fonctions linéaires ». Il définit également les opérations usuelles du calcul matriciel, l’addition, la multiplication et le produit par un scalaire. Le nouveau calcul va s’appliquer assez vite aux vecteurs qui viennent d’être définis par H. Grassmann (1809-1877). Comme les premières études concernent surtout le plan et l’espace, on ne considère au début que des matrices carrées d’ordre 2 ou 3. Hamilton (1805-1865) est le premier qui envisage des matrices 4×4 mais ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’on étudie des matrices dont les dimensions sont beaucoup plus grandes.

L’habitude de noter les matrices avec des crochets ou des parenthèses date de 1913. La notation qui consiste à désigner par aij le terme situé sur la ie ligne et sur la je colonne date de la même époque. L’algèbre linéaire devient une discipline à part entière en 1888 quand le mathématicien italien G. Peano...

Opérations sur les matrices

Les matrices carrées représentent des applications linéaires d’un espace vectoriel E dans lui-même. Puisqu’on peut additionner et composer des applications linéaires, on pourra additionner, soustraire et multiplier des matrices carrées.

1. Addition, soustraction et multiplication par un réel

1. Considérons deux applications linéaires f et g de l’espace vectoriel E2 dans lui-même et désignons par images/12eq22.PNG et images/12eq23.PNG les matrices qui leur sont associées. Il est facile de voir que la matrice associée à l’application f+g est images/12eq24.PNG tandis que celle qui est associée à l’application f-g est images/12eq25.PNG. Ainsi, pour images/12eq26.PNG et images/12eq27.PNG, on aura images/12eq28.PNG et images/12eq29.PNG.
La matrice images/12eq30.PNG est la matrice nulle. Quelle que soit la matrice images/12eq31.PNG, on a images/12eq32.PNG.
2. Si k est un nombre réel quelconque, la matrice images/12eq33.PNG représente l’application linéaire kf définie par images/12eq34.PNG. Multiplions par exemple la matrice images/12eq26.PNG par 3 à l’aide du petit programme suivant :
# Produit d'une matrice 2x2 par un réel k 
A=[[1,2],[3,4]] 
k=3 
P=[[0,0],[0,0]] 
for i in range(0,2): 
# i prend donc successivement les valeurs 0 et 1 
    for j in range(0,2): 
# j prend  successivement les valeurs 0 et 1 
        P[i][j]=k*A[i][j]  
print("P=",k,"A=",P) 

Dans les instructions for i in range(0,2): et for j in range(0,2):, les nombres entiers i et j prennent 0 et 1 comme valeurs. Le résultat est le suivant :

P=3A= [[3, 6], [9, 12]] 
3. Dans le cas des matrices 3×3, on a les mêmes définitions que dans le cas 2×2. En particulier, images/12eq35.PNG est la matrice nulle.

2. Multiplication des matrices carrées de taille 2

En calculant les images d’un vecteur quelconque images/12eq36.PNG par f, par g, par gof et par fog, on constate que images/12eq37.PNG et images/12eq38.PNG sont...

Déterminant d’une matrice carrée 2x2 ou 3x3

L’étude théorique des déterminants trouve son origine dans la résolution des systèmes d’équations linéaires. Au XIXe siècle, Gauss (1789-1857) associe l’étude des déterminants d’ordre 3 à celle des applications linéaires de E3 dans E3, mais c’est Cauchy (1789-1857) qui donne la définition la plus générale du déterminant d’une matrice.

images/RI04.png

Augustin Louis Cauchy (1789-1857)

1. Déterminant d’une matrice 2x2

Le déterminant D d’une matrice images/12eq31.PNG est le nombre égal à ad-bc et noté images/12eq62.PNG ou det(A).

Cette notation est due à Arthur Cayley (1821-1895).

On peut le calculer avec le programme qui suit.

# Calcul du déterminant d'une matrice de taille 2x2 
from math import* 
def det(a,b,c,d): 
    return a*d-b*c 
# Entrée des coefficients de la matrice A 
a,b=eval(input("Entrez a11 et a12 : ")) 
c,d=eval(input("Entrez a21 et a22 : ")) 
# Calculs et résultats 
D=det(a,b,c,d) 
print("Le déterminant de la matrice est égal à ",D) 
Exemple : le déterminant de images/12eq63.PNG est -2.
Entrez a11 et a12 : 1,2 
Entrez a21 et a22 : 3,4 
Le déterminant de la matrice est égal à  -2 
Observons que si la matrice est diagonale, son déterminant est le produit de ses éléments diagonaux. Ainsi, le déterminant de la matrice images/12eq64.PNG est égal à 2 × 5 = 10.
Il en va de même pour des matrices triangulaires comme images/12eq65.PNG et images/12eq66.PNG dont les déterminants sont égaux au produit de leurs éléments diagonaux, c’est-à-dire -2 et -3 respectivement.

2. Déterminant d’une matrice 3x3

Soit images/12eq67.PNG une matrice...

Inversion des matrices carrées 2x2 et 3x3

Plusieurs méthodes différentes permettent de calculer l’inverse d’une matrice carrée ayant n2 coefficients. Pour n=2 ou n=3, il est assez commode d’employer les méthodes de calcul du mathématicien et astronome Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) qui utilisait des déterminants. Par contre, pour n>3, il faut recourir à d’autres méthodes.

images/RI97.png

Pierre-Simon de Laplace

1. Qu’est-ce qu’une matrice inversible ?

On dit qu’une matrice carrée A est inversible s’il existe une matrice notée A-1 telle que A×A-1=A-1×A=Id. On démontre que A est inversible si et seulement si son déterminant n’est pas nul.

Exemple : images/12eq89.PNG est l’inverse de images/12eq26.PNG.

2. Inverse d’une matrice carrée 2x2

Soit images/12eq31.PNG une matrice inversible dont le déterminant det(A)=ad-bc n’est pas nul. A est donc inversible. Laplace a montré que images/12eq89a.PNG. Dans quelques cas particuliers, il est facile de former l’inverse d’une matrice carrée de taille 2. Ainsi, l’inverse d’une matrice diagonale de la forme images/12eq59.PNG est une matrice diagonale images/12eq90.PNG.
De même, l’inverse d’une matrice triangulaire de la forme images/12eq60.PNG est la matrice triangulaire de la forme images/12eq91.PNG. Notons images/12eq92.PNG, quand elle existe, la matrice inverse d’une matrice carrée images/12eq93.PNG. Le programme de calcul de B est le suivant :
# Inversion d'une matrice carrée A de taille 2 
from math import* 
# Entrée des coefficients de A 
a,b=eval(input("Valeur de a11 et de a12 ? ")) 
c,d=eval(input("Valeur de a21 et de a22 ? ")) 
# Calculs et résultats 
det=a*d-b*c 
if abs(det)<0.001: 
    print("Matrice singulière.") 
else: 
    L1=[d/det,-b/det] 
    L2=[-c/det,a/det] ...

Résolution d’un système linéaire d’équations

L’étude et la résolution des systèmes de 2 équations du 1er degré à 2 inconnues est très ancienne, puisque les mathématiciens chinois étaient déjà capables de les résoudre deux siècles avant J.-C.

1. Un exemple historique

Pour résoudre un système comme images/12eq115.PNG dans l’ancienne Chine, on commençait par disposer des baguettes sur une table à calculer. Des baguettes noires représentaient des nombres positifs tandis que des baguettes rouges représentaient des nombres négatifs. La méthode utilisée consistait à changer les coefficients du système en utilisant des combinaisons de lignes et de colonnes. Les calculs étaient choisis pour faire apparaître d’abord un 0 dans la case située à l’intersection de la ligne 2 et de la colonne 2 puis un 0 dans la case située à l’intersection de la ligne 1 et de la colonne 1.

Résolvons par cette méthode le système écrit quelques lignes plus haut en utilisant cependant nos propres notations.

1. On garde la première ligne. On multiplie les nombres de la seconde ligne par 3 et, dans chaque colonne, on ajoute le nombre correspondant de la première ligne. On obtient images/12eq116.PNG d’où on tire images/12eq117.PNG.
2. On reprend le tableau du début. On garde la première ligne mais on multiplie les nombres de la seconde par 2. Dans chaque colonne, on ajoute trois fois le nombre correspondant de la première ligne. On obtient images/12eq118.PNG d’où on tire images/12eq119.PNG.

Les mathématiciens chinois ont été les premiers à utiliser des tableaux de nombres pour résoudre des systèmes d’équations. En Europe, ils sont apparus pour la première fois en 1545 dans...

Puissances d’une matrice 2x2 ou 3x3

Puisqu’on peut multiplier des matrices, il est possible d’élever une matrice à une puissance 2, 3 ou plus. Pour n1, An est le produit de n matrices toutes égales à A. Pour n=0, A0 est égale à la matrice unité. Dans ce qui suit, nous n’utiliserons que des matrices carrées.

1. Puissance d’une matrice 2x2

Soit images/12eq26.PNG une matrice carrée d’ordre 2. Proposons-nous de calculer An pour n entier positif. On peut utiliser le programme suivant :
# Puissance d'une matrice 2x2 
from math import* 
# Entrée des données 
a,b=eval(input("Coefficients de la 1ère ligne : ")) 
c,d=eval(input("Coefficients de la 2ème ligne : ")) 
n=eval(input("Valeur de l'exposant ?")) 
# Calculs et résultats 
A1,B1,C1,D1=1,0,0,1 
for i in range(0,n): 
    A2=A1*a+B1*c 
    B2=A1*b+B1*d 
    C2=C1*a+D1*c 
    D2=C1*b+D1*d 
    A1,B1,C1,D1=A2,B2,C2,D2 
M=[[A1,B1],[C1,D1]] 
print("Résultat du calcul :", M) 
Pour n=3, on obtient images/12eq136.PNG.
Coefficients de la 1re ligne : 1,2 
Coefficients de la 2e ligne : 3,4 
Valeur de l'exposant ? 3 
Résultat du calcul : [[37, 54], [81, 118]] 

2. Puissance d’une matrice 3x3

Si A est une matrice carrée d’ordre 3, en modifiant un peu le programme précédent, on pourra calculer une puissance nième An pour n entier positif.

# Puissance d'une matrice 3x3 
from math import* 
# Entrée des données 
a,b,c=eval(input("Entrer les 3 coefficients de la 1re ligne : ")) 
d,e,f=eval(input("Entrer les 3 coefficients de la 2e ligne : ")) 
g,h,i=eval(input("Entrer les 3 Coefficients...

Diagonalisation d’une matrice 2x2

Dans certains cas, il peut y avoir une relation simple entre les puissances nièmes de deux matrices 2×2 différentes A et B. Au lieu de calculer An, il peut alors s’avérer plus simple de calculer Bn.

1. Les matrices diagonisables

Soient A, B et P trois matrices 2×2 telles que AP=PB. Par récurrence sur  1, on démontre facilement que AnP=PBn. Si P est inversible et si B est une matrice diagonale images/12eq139.PNG, on a A=PBP-1 et An=PBnP-1. On dit que A est une matrice diagonalisable. La puissance nième de A est alors beaucoup plus simple à calculer puisque images/12eq140.PNG.

2. Étude d’un exemple

Pour montrer comment il est possible de diagonaliser une matrice, prenons l’exemple d’une matrice images/12eq141.PNG. Cherchons une matrice images/12eq142.PNG et une matrice images/12eq143.PNG telles que images/12eq144.PNG. Cette recherche nécessite la détermination, si elles existent, des valeurs propres de images/12eq145.PNG et des vecteurs propres qui lui sont associés.
1. Supposons les vecteurs images/12eq146.PNG et images/12eq147.PNG différents de images/12eq148.PNG et supposons les nombres λ1 et λ2 non nuls. Dans ces conditions, on peut observer que images/12eq149.PNG et que images/12eq150.PNG. L’équation AX=λX a des solutions en λ et en X. On dit qu’une valeur de λ qui est solution de cette équation est une valeur propre de la matrice A et qu’un vecteur X qui est solution de cette équation est un vecteur propre associé à une certaine valeur propre λ.
2. Sous forme matricielle, l’équation peut s’écrire (A-λI)X=0, I désignant la matrice identité et 0 la matrice nulle. Comme le vecteur X ne peut pas être nul, cette équation signifie que l’application linéaire associée à la matrice A-λI n’est pas une bijection car le vecteur images/12eq148.PNG aurait alors plusieurs antécédents. La matrice A-λI n’est donc pas inversible...

Matrices et suites récurrentes

La suite (un) définie par ses deux premiers termes et par la relation de récurrence un+2 = aun+1 + bun est une suite récurrente d’ordre 2 à coefficients constants. Pour exprimer explicitement le terme de rang n, on peut utiliser une matrice carrée d’ordre 2.

1. Rappel : les nombres de Fibonacci

Pour tout entier naturel n, les nombres de Fibonacci F0, F1, F2, etc. sont définis par la relation de récurrence Fn+2=Fn+1+Fn avec F0=F1 =1.

2. Calcul des nombres de Fibonacci à l’aide d’une matrice 2x2

Définissons une suite (Vn) de vecteurs-colonne par images/12eq176.PNG avec images/12eq177.PNG. Si M est la matrice images/12eq178.PNG, on a alors Vn+1=MVn pour tout entier naturel n d’où, par récurrence sur n, Vn=MnV0. En adaptant le programme qui permet d’élever une matrice carrée à la puissance n, on peut utiliser cette relation de récurrence pour écrire un programme qui calculera les n premiers nombres de Fibonacci.
from math import* 
# Coefficients de la matrice M 
a,b,c,d=1,1,1,0 
liste=[] 
n=eval(input("Valeur de n ? ")) 
# Calcul de Mn et affichage des résultats 
A1,B1,C1,D1=1,0,0,1 
for i in range(0,n): 
    A2=A1*a+B1*c 
    B2=A1*b+B1*d 
    C2=C1*a+D1*c 
    D2=C1*b+D1*d 
    A1,B1,C1,D1=A2,B2,C2,D2 
    liste=liste+[C1] 
print(liste) 

Pour n=12, on obtient la liste [1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144].

3. Les relations de Binet

Pour calculer Mn, diagonalisons la matrice M. Les valeurs propres de cette matrice sont les racines images/12eq179.PNG et images/12eq180.PNG de son polynôme caractéristique λ2 - λ - 1 = 0. Une fois calculés les vecteurs propres qui sont associés aux valeurs propres, on obtient (avec Python...