La mise en œuvre de la démarche ITIL
Préambule
Ce chapitre donne des recommandations pour la mise en œuvre d’une démarche de gestion de services basée sur ITIL. Il est complété par les deux chapitres suivants qui détaillent comment effectuer une migration d’un environnement ITIL V2 vers ITIL 4, ainsi que d’un environnement ITIL V3 vers ITIL 4.
La mise en œuvre d’ITIL dans l’entreprise n’est pas un sujet facile car les livres officiels de l’OGC ou d’AXELOS donnent peu d’informations sur ce point. Tous les exemples montrent qu’il n’y a pas de démarche universelle ni de recette miracle. On le sait, adopter ITIL dans l’entreprise, c’est adapter la démarche à cette entreprise, et surtout en fonction de son environnement. Cette mise en œuvre va prendre du temps, des ressources, et demandera des moyens. En s’appuyant sur la méthode de la roue de Deming, on n’arrivera pas du premier coup à mettre en place toutes ces bonnes pratiques. Il faudra mettre en place une démarche itérative avec des objectifs atteignables à court terme.
D’autre part, concernant la démarche ITIL 4, les consultants possèdent maintenant un peu de recul sur sa mise en œuvre : il y a eu peu d’implémentations ITIL 4 en France. Par contre, les fondements d’ITIL 4 donnent...
La méthodologie de mise en œuvre
Avant de parler de projet ITIL, de cycle d’implémentation de la démarche, ou de définition de priorités entre les pratiques à implémenter, il est important d’identifier ou de clarifier ce que l’entreprise attend de la mise en place d’ITIL. Pour cela, la direction générale, dont c’est la responsabilité de définir la vision métier de l’entreprise et les objectifs associés, va devoir intégrer ce que la démarche ITIL pourra lui apporter. Prenons quelques exemples :
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Une entreprise se positionne comme un acteur de l’excellence et de la qualité, ISO 20000 est une réponse à cette vision et la démarche ITIL un moyen pour y arriver.
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Une entreprise se positionne comme un professionnel au service de ses clients reconnu dans son secteur de marché, la gestion de services avec sa contractualisation de la relation client est la réponse (la démarche ITIL étant l’état de l’art sur ce secteur).
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Une entreprise veut se recentrer sur son métier avec une politique de sourcing de l’informatique, la démarche ITIL va clarifier les rôles et les fonctions de chacun, et faciliter cette externalisation.
Il est aussi important que la direction informatique et l’entreprise aient une vue claire sur leur besoin...
L’accompagnement aux changements
Mettre en place tout ou partie de la démarche ITIL va nécessiter un accompagnement aux changements auprès des collaborateurs de l’informatique, voire auprès des clients eux-mêmes. Pourquoi ? Les bonnes pratiques ITIL vont changer les manières de travailler des collaborateurs de l’informatique et de ce fait leurs relations avec les clients et les utilisateurs. Cela va nécessiter leur adhésion. Pour cela, il faut impliquer un maximum de personnes dans l’élaboration de ces changements, en particulier en conduisant des ateliers où on prendra soin de faire participer un panel de personnes représentatives. On va donc conduire les changements et ensuite les accompagner par une information, voire une promotion auprès de tous les acteurs. Il faudra toujours mettre en avant les bénéfices que vont apporter ces changements.
On suggère que cet accompagnement aux changements soit effectué par une équipe de personnes composée d’internes et de consultants externes. Un interne amènera la légitimité du changement. Un consultant externe pourra plus facilement convaincre un interne de changer ses modèles de travail.
Cet accompagnement aux changements va être accentué par le fait qu’avec ITIL 4, vont participer à la mise en place de cette démarche...
La formation des collaborateurs à la démarche ITIL
Il n’y a pas de règle pour déterminer combien de collaborateurs doivent être formés ou certifiés ITIL, et quels profils sont concernés par ces formations.
Avec l’expérience, on s’aperçoit tout d’abord qu’il est indispensable que tous les collaborateurs travaillant à l’informatique soient a minima sensibilisés à la démarche, c’est-à-dire une journée de formation pour tous (internes mais aussi prestataires externes). Cette journée de sensibilisation doit bien sûr présenter ITIL de manière simple et synthétique en montrant ses bénéfices, mais il faudra aussi, durant cette sensibilisation, présenter la déclinaison envisagée dans l’entreprise (trajectoire et objectif à court terme). Il faut bien avoir à l’esprit qu’un des bénéfices de la démarche ITIL réside dans un vocabulaire commun. Il faut donc que tout le monde connaisse ce vocabulaire.
D’autre part, toutes les personnes qui vont travailler à l’élaboration des procédures, des processus et des pratiques devraient être formées au niveau 1 (les fondamentaux), et pour ceux qui vont définir et mettre en place une ou plusieurs pratiques, le niveau...
Les priorités de la mise en œuvre d’ITIL
La méthodologie de la mise en œuvre d’ITIL étant clarifiée, comment va-t-on définir les objectifs atteignables (étape 3) ? Comment va-t-on gérer les priorités ? Quels processus va-t-on mettre en œuvre et par lequel commencer ? Il n’y a pas de réponse générique dans les livres officiels d’AXELOS. La réponse est dans l’analyse des résultats de l’étape 2, l’état des lieux. C’est pour cette raison que l’état des lieux doit couvrir tout le périmètre de l’informatique.
Deux critères vont permettre de choisir la bonne priorité : quel est le point le plus vulnérable dans l’organisation actuelle ou dans la manière de travailler ? Qu’est-ce que l’on peut faire à court terme et avec un effort minimal ? La conjonction de ces deux critères donnera la ou les activités du ou des processus prioritaires à mettre en œuvre.
Lors du démarrage de la démarche ITIL, le premier objectif doit impérativement être atteint et visible à très court terme (deux ou trois mois maximum). Il faudra ensuite communiquer fortement sur l’atteinte de cet objectif pour maintenir et générer une motivation...
Les facteurs de succès et les causes d’échec de la mise en œuvre d’ITIL
Cette section recense un certain nombre de raisons qui ont conduit à l’arrêt et l’échec de l’implémentation d’ITIL, et un certain nombre de recommandations pour que ce soit un succès.
Ces raisons et ces recommandations sont basées sur des retours d’expérience : ce n’est pas une liste exhaustive.
1. Les causes d’échec
L’absence de la direction
S’il n’y a pas une volonté forte de la direction informatique, voire de la direction de l’entreprise, de mettre en place ITIL, le projet est voué à l’échec. ITIL est un vrai projet global de l’informatique et donc un projet d’entreprise. La gestion des services demande des prises de décision qui vont avoir un impact sur les métiers (notion d’engagement de résultat). Cela ne peut se faire sans l’aval de la direction.
La non-adhésion du management intermédiaire
De même, le management intermédiaire doit être impliqué dans la démarche pour relayer la volonté de la direction. Ces collaborateurs ne seront toutefois pas enclins à le faire : ils vont avoir l’impression de perdre leur pouvoir, car on va clarifier les activités, les rôles de chacun et contrôler les ressources et les activités. Il faut donc attribuer un certain nombre de rôles ITIL aux responsables et encadrants (gestionnaire de processus par exemple).
L’absence de sponsor
Le sponsor est la personne qui va faire la promotion d’ITIL auprès de la direction générale, et qui va faire redescendre des messages vers les acteurs majeurs de la démarche. Si cette personne est absente, ITIL n’aura plus d’avocat auprès de la direction Générale et on va se couper d’informations importantes. On risque à terme de ne plus pouvoir plaider sa cause et donc de ne plus avoir de budget. C’est pourquoi, dans ITIL 4, la notion de sponsor et son rôle sont clairement identifiés.
Le syndrome du tramway
Le syndrome du tramway vient de la manière dont on a géré les travaux pour la construction des lignes de tramway dans un certain...
Quelle organisation avec la démarche ITIL et l’agilité ?
Tout d’abord, la démarche ITIL 4 a supprimé la notion de fonction qui était incluse dans les versions V2 et V3 d’ITIL. Pour rappel, une fonction était une entité opérationnelle (une équipe) avec ses ressources et ses moyens propres, qui étaient en charge d’effectuer des activités d’un ou plusieurs processus. ITIL V3 définit quatre fonctions : le centre de services, la gestion des applications (Maîtrise d’œuvre et développement), la gestion technique (architecture, expertise technique réseau, SGBD, stockage…), et la gestion des opérations (la production).
Avec ITIL 4, les fonctions n’existent plus, sauf le centre de services qui se transforme en pratique. Est-ce que les entités opérationnelles vont pour autant être supprimées ? En d’autres termes, est-ce que la production, le développement, l’architecture existent toujours avec ITIL 4 ?
Comme indiqué précédemment, il est difficile dans une entreprise de ne pas avoir un mix entre développement gile et développement « Waterfalls ». Pour gérer les projets et les services sous la démarche « Waterfalls », il faut garder des entités dédiées...